L’Ukraine intensifie sa lutte contre les sites de jeux illégaux liés à la Russie

Jul 14, 2025Par Help Casino
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Introduction

En Ukraine, les efforts pour éradiquer le jeu illégal ont atteint un nouveau sommet avec le blocage, le 1er juillet 2025, de 133 sites de jeux en ligne illégaux, dont la majorité est soupçonnée d’avoir des liens avec la Russie. Cette opération, menée par le Service de sécurité de l’Ukraine (SBU), le Service d’État des communications spéciales et de la protection de l’information (Derzhspetszviazok), la Commission nationale pour la régulation de l’État dans le domaine des communications électroniques, du spectre radiofréquences et des services postaux (NCEC), et l’Association des opérateurs de jeux d’argent ukrainiens (AUGO), vise à démanteler les réseaux illicites qui soutiennent financièrement les activités de la Fédération de Russie.

Ces sites, qui généraient entre 3 et 5 milliards de hryvnias ukrainiennes (environ 72 à 120 millions de dollars américains, selon un taux de change de 1 USD = 41,6 UAH) par trimestre, représentaient non seulement une menace pour la sécurité économique de l’Ukraine, mais aussi un moyen potentiel de financement de la guerre russe contre le pays. En bloquant ces plateformes, les autorités ukrainiennes cherchent à protéger leurs citoyens des risques associés au jeu illégal, tels que la fraude, le blanchiment d’argent et le vol de données personnelles, tout en coupant une source de revenus pour les acteurs hostiles.

Une pile de billets de hryvnias ukrainiennes.

Cette initiative s’inscrit dans un contexte plus large de réformes réglementaires, avec la création de PlayCity, une nouvelle agence d’État remplaçant la Commission pour la régulation des jeux et des loteries (KRAIL), dissoute en avril 2025 en raison d’allégations de corruption. Cet article explore les détails de cette opération, le contexte réglementaire, les implications économiques et sécuritaires, ainsi que les perspectives futures pour l’industrie du jeu en Ukraine.

Contexte réglementaire

Historique de la régulation du jeu en Ukraine

Le paysage réglementaire du jeu en Ukraine a connu des transformations majeures au cours des dernières décennies. Entre 2009 et 2020, le jeu était strictement interdit à la suite d’un incendie tragique dans une salle de jeu à Dnipro en 2009, qui avait causé la mort de neuf personnes. Cette interdiction, instaurée par la loi sur l’interdiction des activités de jeu en Ukraine, couvrait également les casinos en ligne, bien que les loteries soient restées autorisées.

En juillet 2020, sous la présidence de Volodymyr Zelensky, le Parlement ukrainien a adopté la loi n° 2285-D, légalisant à nouveau le jeu avec des régulations strictes, notamment une limite d’âge minimum de 22 ans. Cette légalisation visait à stimuler l’économie en générant des recettes fiscales et en attirant des investissements étrangers. La Commission pour la régulation des jeux et des loteries (KRAIL) a été créée pour superviser l’industrie, mais elle a rapidement été critiquée pour son inefficacité et des allégations de corruption, notamment des liens présumés avec des casinos en ligne affiliés à la Russie.

Dissolution de KRAIL et création de PlayCity

En avril 2025, KRAIL a été dissoute à la suite d’un vote du Parlement ukrainien (Verkhovna Rada) en faveur de la loi n° 9256-d, adoptée en décembre 2024. Cette décision a été motivée par des retards dans l’octroi des licences, dus en partie à la mobilisation de certains membres de la commission dans l’effort de guerre, ainsi que par des scandales de corruption. À sa place, PlayCity a été établie comme une nouvelle agence d’État sous la coordination du ministère de la Transformation numérique, dirigé par Mykhailo Fedorov, également vice-Premier ministre pour l’innovation, l’éducation, la science et le développement technologique.

Vote du parlement ukrainien

PlayCity, dirigée par Hennadiy Novikov, un ancien vice-président de KRAIL, a pour mission de moderniser la régulation du jeu en Ukraine. Ses objectifs incluent la digitalisation des processus de licenciement, la mise en place d’un système de surveillance en temps réel des opérateurs légaux, et l’élimination des opérateurs illégaux, en particulier ceux ayant des liens avec la Russie. Selon le ministère de la Transformation numérique, PlayCity vise à faire sortir l’industrie du jeu de l’ombre, augmentant ainsi les recettes fiscales, estimées à 240 millions de dollars par an.

AspectDétails
Date de légalisation14 juillet 2020
Âge minimum pour jouer22 ans
Ancien régulateurKRAIL (dissoute en avril 2025)
Nouveau régulateurPlayCity (créée en avril 2025)
Objectifs de PlayCityDigitalisation, surveillance en temps réel, élimination des opérateurs illégaux
Recettes fiscales potentiellesJusqu’à 240 millions USD par an

Détails de l’opération de blocage

L’opération visant à bloquer les 133 sites de jeux illégaux a été lancée le 1er juillet 2025, avec la publication de la Directive n° 435/3236 par Derzhspetszviazok. Cette directive ordonnait le blocage des adresses IP et des noms de domaine des sites impliqués dans des activités de jeu illégales. Transmise aux fournisseurs d’accès Internet (FAI) et aux associations de l’industrie le 3 juillet, elle imposait une mise en œuvre obligatoire dans les trois jours ouvrables, soit d’ici le 8 juillet 2025.

Cette opération a été un effort conjoint impliquant plusieurs entités :

  • Service de sécurité de l’Ukraine (SBU) : Chargé de coordonner les efforts de sécurité nationale et de cibler les plateformes soupçonnées de financer des activités hostiles.
  • Service d’État des communications spéciales et de la protection de l’information (Derzhspetszviazok) : Responsable de l’émission de la directive de blocage.
  • Commission nationale pour la régulation de l’État dans le domaine des communications électroniques (NCEC) : A fourni un soutien technique pour identifier les sites illégaux.
  • Association des opérateurs de jeux d’argent ukrainiens (AUGO) : A offert un soutien logiciel, analytique et informationnel, marquant sa première collaboration majeure avec ces agences.

Selon l’AUGO, les sites bloqués généraient un chiffre d’affaires illicite de 3 à 5 milliards de hryvnias par trimestre, soit environ 72 à 120 millions de dollars américains. Ces fonds, souvent réinvestis en Russie, représentaient une menace directe pour la sécurité nationale de l’Ukraine. Oleksandr Kohut, président de l’AUGO, a déclaré : « Les casinos illégaux, dont la plupart ont maintenant des liens avec la Russie, causent un préjudice direct à l’État ukrainien, aux entreprises légales et à ses citoyens. Ces sites, souvent clonés après avoir été bloqués, posent également un risque élevé de fraude et de fuites de données personnelles et financières des joueurs. »

Oleksandr Kohut, président de l’AUGO

L’opération ne s’est pas limitée au blocage technique des sites. Elle a également inclus des efforts pour démanteler l’infrastructure sous-jacente, comme les serveurs et les systèmes de paiement, qui permettaient à ces plateformes de fonctionner.

Impact du jeu illégal

Menaces économiques et sécuritaires

Le jeu illégal en Ukraine représente une double menace : économique et sécuritaire. Sur le plan économique, les opérateurs illégaux détournent les joueurs des plateformes légales, privant l’État de recettes fiscales cruciales. Selon le ministère de la Transformation numérique, le marché noir du jeu et des loteries entraîne une perte annuelle de taxes pouvant atteindre 10 milliards de hryvnias (environ 240 millions USD). Ces fonds pourraient être utilisés pour renforcer la défense nationale, particulièrement en temps de guerre.

Sur le plan sécuritaire, les sites illégaux, en particulier ceux liés à la Russie, sont soupçonnés de canaliser des fonds vers des activités hostiles, y compris le financement de la guerre contre l’Ukraine. Depuis l’invasion à grande échelle de la Russie en février 2022, les autorités ukrainiennes ont intensifié leur surveillance des activités numériques susceptibles de soutenir l’effort de guerre russe, y compris les casinos en ligne illégaux.

Risques pour les joueurs

Les sites de jeux illégaux exposent les joueurs à de multiples risques, notamment :

  • Fraude et escroqueries : Les plateformes non réglementées peuvent refuser de payer les gains ou manipuler les jeux pour garantir des pertes.
  • Vol de données : Les informations personnelles et financières des joueurs sont souvent collectées sans protection adéquate, augmentant le risque de vol d’identité.
  • Blanchiment d’argent : Ces sites peuvent servir de canaux pour le blanchiment de fonds illicites.
  • Absence de protection légale : En cas de litige, les joueurs n’ont aucun recours légal, contrairement aux plateformes agréées.

En bloquant ces sites, les autorités ukrainiennes cherchent à protéger les citoyens tout en renforçant la confiance dans l’industrie du jeu légale.

Rôle de PlayCity et de l’AUGO

PlayCity : Une nouvelle ère pour la régulation

PlayCity, créée en avril 2025, marque un tournant dans la régulation du jeu en Ukraine. Dirigée par Hennadiy Novikov, l’agence a reçu des pouvoirs élargis pour :

  • Digitaliser les licences : Simplifier et accélérer le processus d’octroi des licences pour les opérateurs légaux.
  • Surveiller en temps réel : Mettre en place un système national de surveillance en ligne pour suivre les activités des casinos légaux.
  • Combattre les opérateurs illégaux : Identifier et bloquer les sites non autorisés, en collaboration avec les forces de l’ordre.
  • Relancer le marché des loteries : Réglementer un secteur qui opère actuellement sans licences ni supervision.

Selon le ministère de la Transformation numérique, PlayCity opère sous un budget de 160,4 millions de hryvnias pour 2025, avec une partie déjà allouée pour faciliter ses opérations initiales. L’agence a hérité des 61 employés de KRAIL et occupe les mêmes locaux, assurant une transition fluide.

L’AUGO : Un partenaire clé

L’Association des opérateurs de jeux d’argent ukrainiens (AUGO), dirigée par Oleksandr Kohut, joue un rôle crucial dans la lutte contre le jeu illégal. Créée trois mois avant l’opération de juillet 2025, l’AUGO a fourni un soutien logiciel, analytique et informationnel pour identifier les sites illégaux. Kohut a affirmé que l’association reste engagée à collaborer avec PlayCity, le ministère de la Transformation numérique et les forces de l’ordre pour détecter et fermer rapidement les casinos en ligne illégaux.

Cette collaboration public-privé illustre l’importance d’un effort collectif pour protéger l’industrie légale et les joueurs tout en luttant contre les menaces externes.

Implications économiques

L’industrie du jeu légale en Ukraine a le potentiel de devenir une source significative de revenus pour l’État. Selon un rapport d’iGamingToday.com, les recettes fiscales du secteur pourraient atteindre 240 millions de dollars par an. En 2025, les applications de paris sportifs mobiles devraient générer 126,5 millions de dollars, dépassant les applications web, selon Statista. Cependant, la concurrence des opérateurs illégaux, qui ne paient ni taxes ni frais de licence, menace cette croissance.

En bloquant les sites illégaux, les autorités ukrainiennes protègent ces recettes fiscales potentielles, qui peuvent être utilisées pour financer des priorités nationales, telles que la défense, l’éducation et la santé. De plus, renforcer l’industrie légale favorise la confiance des investisseurs étrangers et soutient les opérateurs agréés, qui doivent se conformer à des normes strictes.

IndicateurValeur
Recettes fiscales potentiellesJusqu’à 240 millions USD par an
Revenus des paris sportifs mobiles126,5 millions USD (prévision 2025)
Pertes dues au marché noirJusqu’à 10 milliards UAH par an (240 millions USD)
Nombre d’opérateurs légaux17 opérateurs en ligne agréés + 1 opérateur de loterie (2024)

Perspectives futures

Les efforts pour combattre le jeu illégal en Ukraine se poursuivront, avec PlayCity et d’autres organismes engagés dans une surveillance continue et des actions d’application. La collaboration entre les régulateurs, les forces de l’ordre et les associations de l’industrie sera cruciale pour rester en avance sur les opérateurs illégaux, qui adaptent souvent leurs tactiques, comme le clonage de sites après leur blocage.

L’accent mis sur la digitalisation et la modernisation de la régulation sous PlayCity devrait améliorer l’efficacité de la surveillance et de l’application. Par exemple, le développement de logiciels propriétaires par les opérateurs légaux, comme mentionné dans un article d’AceAlliance, vise à identifier les sites illégaux plus rapidement.

De plus, des initiatives comme le registre national d’auto-exclusion, qui a vu une augmentation de 139 % des inscriptions au premier semestre 2024, montrent un engagement envers le jeu responsable. Ces mesures, combinées à des actions contre les opérateurs illégaux, devraient renforcer la confiance des joueurs et des investisseurs dans l’industrie ukrainienne.

Conclusion

Le blocage de 133 sites de jeux illégaux en juillet 2025 marque une étape importante dans la lutte de l’Ukraine contre le jeu non réglementé et les menaces à la sécurité nationale. En ciblant les plateformes liées à la Russie, les autorités ukrainiennes protègent leur économie, leurs citoyens et leur souveraineté numérique. Avec PlayCity à la tête de la régulation et des partenariats solides avec des entités comme l’AUGO et le SBU, l’Ukraine est bien positionnée pour maintenir un environnement de jeu sûr, transparent et réglementé, même en temps de conflit. Cette opération, combinée à des réformes continues, illustre l’engagement du pays à construire une industrie du jeu légale et prospère tout en luttant contre les influences néfastes.

Références

Interfax Ukraine
NewsNet5
iGamingBusiness
KyivIndependent
GamblingNews
iGamingToday
Statista